Après les fermetures sanitaires, le marché du cinéma s’attendait à retrouver ses pleins taux de fréquentation. Or, on note une véritable mise en danger du secteur. Quelles en sont les causes et peut-on y remédier ?
Marché du cinéma : état des lieux d’un secteur en danger
Le taux de fréquentation des salles de cinéma est en chute libre. En octobre 2022, le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée) indiquait que le mois de septembre n’avait atteint que 7,38 millions d’entrées. Il s’agissait alors du plus bas niveau de fréquentation depuis la réouverture des salles suite aux confinements pandémiques.
Les raisons de cet abandon des salles obscures par le public sont nombreuses : plateformes de streaming, prix de l’entrée ou encore qualité et thématique des films. Le CNC, toujours, analyse que 23 % des Français ne sont pas attirés par la programmation en salle. On avance également la perte d’habitude de fréquenter les cinémas, suite à la crise sanitaire, ou encore leur aspect peu écologique (entre la climatisation et la consommation électrique, les cinémas sont perçus comme énergivores).
Quelles que soient les causes de ce désamour, les salles de cinéma ne voient pas, comme espéré à l’origine, arriver un rebond du taux de fréquentation. Mis en danger, le marché semble ne pas parvenir à retrouver ses résultats pré-Covid.
Attention, il ne s’agit pas de la première crise du marché du cinéma. Déjà dans les années 1980, le secteur s’était retrouvé en danger, avec une fréquentation des salles en France chutant de près de 42 %. L’entrée des télévisions couleurs dans le salon des ménages de France et le développement des magnétoscopes était en cause, ce qui n’a pas empêché le marché de se réguler.
Marché du cinéma en danger : une conséquence sur long-terme du Covid ?
La pandémie et ses multiples confinements ont impacté directement les salles obscures, en forçant leur fermeture, ainsi que la chaîne de production elle-même. Sur près de deux ans, les projets audiovisuels et cinématographiques ont ainsi été gelés, suspendus ou annulés. L’offre de films s’est ainsi vue considérablement réduite.
Les confinements sanitaires ont également favorisé les abonnements aux plateformes de streaming ou de VOD. Près de 38 % des Français déclarent au CNC qu’ils ont perdu l’habitude d’aller au cinéma. Le confort de la vidéo à la demande alliée au prix du billet, perçu comme trop élevé, les conduit à privilégier une consommation depuis chez eux. La tranche des spectateurs comprise en 15 et 34 ans préfère, quant à elle, d’autres supports de communication audiovisuelle : réseaux sociaux, etc.
L’essor colossal des plateformes du streaming a mis en danger le marché du cinéma à ses débuts. Néanmoins, on voit des accords et des partenariats émerger, ce qui permet aux salles obscures de bénéficier du dynamisme de la VOD. Des productions cinématographiques portées par les géants du streaming sont ainsi proposées en salle.
Cet état de fait permet au marché du cinéma français d’être le moins en danger au niveau international. On dénombre près de 152 millions d’entrées en France sur l’année 2022, ce qui constitue une reprise acceptable suite aux fermetures.
Ces partenariats ont aussi permis d’éviter un danger qui guette le marché du cinéma : la crise de la création. On note, ces quelques dernières années, une baisse de la qualité des productions. Manque de savoir-faire ou d’idées, le cinéma ne propose plus une si grande richesse d’offres, ce qui pousserait le public à se tourner vers les plateformes de streaming, aux catalogues plus fournis. Les budgets de production sont en effet réduits en raison de la diminution des entrées. Par ailleurs, les producteurs de cinéma ont des difficultés à recruter des techniciens qui sont occupés sur des projets pour les plateformes. Selon certains cinéphiles, d’ailleurs, la qualité des séries en streaming concurrence considérablement le niveau des propositions au cinéma.
Offre au cinéma : un marché à retrouver
Sur le marché du cinéma français, le public fait état de peu d’intérêt pour les propositions à l’affiche. Dans un climat politique et économique morose, les spectateurs ne désirent pas suivre de films aux sujets sérieux, délaissent les thématiques sociétales et recherchent plus de divertissement. En témoignent les résultats des blockbusters américains face aux productions françaises : 1,4 million d’entrées pour Docteur Strange 2 (de Marvel) ou encore les records du box-office battus par Top Gun : Maverick.
Avatar 2 et ses résultats mettent en lumière l’attrait du public pour des narrations plus légères, mais surtout un niveau de conceptualisation exceptionnel. Les spectateurs sont friands d’effets spéciaux, de 3D et d’images de synthèse. Ils attendent, en se rendant au cinéma, un spectacle de haut niveau technique. Les cinémas changent en fonction de cette attente, ils s’organisent en multiplexes et s’équipent des dernières technologies.
Il s’agit d’une excellente solution pour contrer les dangers auxquels fait face le marché du cinéma : proposer une expérience qui va plus loin que le simple visionnage de film. Les distributeurs choisissent donc des emplacements stratégiques : centres commerciaux, zones urbaines, etc. Ils offrent sur place l’accès aux salles 4K, aux stands de confiserie ainsi qu’à d’autres divertissements.
Les petites salles de cinéma indépendantes doivent, pour survivre au danger, mettre l’accent sur le divertissement et l’animation. Car ce sont les distributeurs indépendants qui sont véritablement mis en danger par la crise du cinéma. Les géants de la production cinématographique constituent des entreprises colossales, qui bénéficient d’un monopole et de leur propre réseau de salles de projection (aujourd’hui véritables complexes dédiés au divertissement).
Les étudiants des formations spécialisées en cinéma, son, image et musique de l’ESIS comprennent tout des dangers qui pèsent aujourd’hui sur le marché du cinéma. Grâce à la pédagogie en alternance de l’établissement et à l’intervention de professeurs issus du milieu professionnel, ils apprennent à élaborer et à utiliser des solutions adaptées aux nouvelles contraintes de l’industrie.
Si l’on compte une perte de près de 400 millions d’euros par rapport aux moyennes des années précédentes, le réseau de cinémas en France ne s’effondre pas pour autant.