Début du XXe siècle. Aux États-Unis, l’industrie du cinéma bat son plein. Les techniques d’enregistrement et de post-production se perfectionnent, celles du son aussi. Dans cette course au progrès, un nom en particulier s’illustre : Jack Foley, un pionnier du bruitage cinématographique. Son nom sera d’ailleurs attribué à une technique sonore bien particulière.
Jack Foley
Jack Foley, ingénieur du son Américain, il naît le 12 avril 1891 à York ville et meurt le 9 novembre 1967. Deux années emblématiques des avancées cinématographiques, promettaient un avenir tout tracé. En 1891, un certain Thomas Edison et ses collaborateurs (W.K.L. Dickson et William Heise) mettent au point un nouveau format de pellicule, le 35 mm, qui devient vite le format standard utilisé au cinéma. Et le 9 novembre 1967, jour exact de la mort de Jack Foley, se tient un débat déterminant à l’Assemblée Nationale concernant la concurrence entre la télévision et le cinéma. Le député de l’époque, Roger Ribadeau-Dumas, défend le 7e art et appelle à une régulation de la diffusion de films sur le petit écran. Il dira même que “La télévision doit être au cinéma ce que le livre de poche est à l’édition normale”.
Une naissance et une mort placées sous le signe du cinéma, Jack Foley marque l’industrie du son pour avoir rendue courante l’utilisation d’une méthode bien particulière d’effets sonores, synchronisés en direct avec l’image en postproduction : un pas de géant faire le bruitage moderne. Grâce à cette technique, l’enregistrement des SFX (des effets sonores), pouvait se faire en une seule et unique prise.
Avant de se lancer dans le son, Jack Foley officiait en tant que repéreur de lieux de tournage pour le cinéma, puis comme réalisateur (de films muets, la vie est parfois ironique) pour les studios d’Universal Pictures. C’est bien plus tard, qu’il embrasse enfin sa carrière de prédilection : bruiteur. Il s’est d’ailleurs occupé du son de très grands piliers du cinéma comme : Spartacus, Dracula (qu’on ne présente déjà plus à l’époque), Show Boat ou The Phantom of the Opera (adapté du célèbre roman éponyme de Gaston Leroux).
La technique “Foley”
Jack Foley et sa technique marque tant le monde du son et du bruitage que, quelques décennies plus tard, le cinéma décide de rendre son nom intemporel, en hommage aux avancées qu’il a permises. En anglais, le terme bruitage se dit “foley”, et d’ailleurs, les spécialistes du bruitage sont bien souvent appelés les “Foley artists”. Les studios d’enregistrement spécialisés dans le bruitage sont également appelés des “foley stage” ou des “foley studio”.
C’est le nom de Jack Foley que l’histoire retient, pourtant, il n’en est pas l’inventeur de cette technique à proprement parler, même s’il est vrai qu’il l’a perfectionnée et rendue très populaire. La technique “Foley” était déjà utilisée en 1920. Elle consistait en une gamme d’effets sonores accessibles en direct, créée au départ pour les studios de radio, puis pour des films à petits budgets (déjà à l’époque la méthode des effets sonores n’était pas donnée), puis par les gros studios de cinéma.
Grâce à des accessoires ordinaires et donc peu coûteux (des journaux, des cailloux, des râteaux, des portes, de vieux meubles…), les Foley Artists peuvent produire un bruitage à moindre sfrais. Adaptée par Jack Foley, cette technique a ensuite permis d’enregistrer les bruitages d’un film en direct, grâce à une retransmission en direct sur un écran dans les studios d’effets sonores, et d’une petite équipe d’experts en bruits de la vie courante ou dans ceux, un peu plus spécifiques, des divers genres cinématographiques.
L’art de passer inaperçu
Le bruitage est un métier bien particulier qui met la discrétion à l’honneur. Dans nombre de productions, lorsqu’un bruitage est fait correctement, il doit pouvoir passer inaperçu. Que ce soit pour la radio, la télévision, le théâtre, ou le cinéma (surtout pour le cinéma en réalité), cette reconstruction artificielle de bruits et de sons doit servir à accompagner l’action, pas tirer la couverture à elle, bien au contraire.
La plupart des cinéphiles ne remarquent presque jamais les sons ambiants comme les bruits de pas, le froufrou d’une robe, une porte qui se ferme, le son d’un verrou qu’on tourne… S’ils les entendent, ce n’est pourtant pas ce qui restera gravé dans leur mémoire. Ou bien, si c’est le cas, c’est que le bruitage paraissait trop irréel ou trop artificiel. Un bon bruitage est donc celui qui se fond à l’arrière-plan. Celui qui sait se faire oublier, et passer inaperçu. Le cinéma est rempli de métiers “de l’ombre”, qu’on ne remarque pas spécialement en visionnant un film, mais qui sont pourtant essentiels.
L’exception qui confirme la règle
Puisque toute règle a besoin de son contraire pour être prouvée, il y a bien un genre cinématographique où le bruitage revêt une place vraiment très particulière : les films d’horreur. Dedans, les bruiteurs font l’exact opposé de ce qu’ils font d’habitude. Là, chaque son doit être remarqué. Mieux encore, ils doivent perturber le plus possible le spectateur : un vieux portail de fer qui crisse, une porte qui claque, un éclair qui éclate tout proche, un revenant qui rampe, le sifflement d’une bouilloire…
Certains bruits sont même devenus incontournables et emblématiques. Il est par exemple possible de citer le Cri Wilhelm. Un cri exagéré qui se place pile entre la douleur et la peur, c’est le cri le plus célèbre du monde. Il apparaît dans de nombreux films (de tous les genres pour le coup) puisqu’il est souvent repris, comme une blague racontable à l’infini). Parmi les films qui l’utilisent on peut citer : Les Aventure du capitaine Wyatt (première utilisation du Cri de Wilhelm), Le Seigneur des Anneaux (dans les trois films de la trilogie principale), Batman : Le Défi, Star Wars (dans 8 des films), Indiana Jones, Toy Story, Taxi, La Casa de Papel (oui, même Netflix a reprit ce cri)… Même les jeux vidéo n’hésitent pas, le Cri de Wilhelm apparaît aussi dans The Witcher, Assassin’s Creed, Grand Thief Auto, Red Dead Redemption… Et la “blague”, n’est pas près de s’arrêter, c’est presque une tradition.
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